A l’occasion du 20ème congrès de l’ESBRA qui s’est tenu du 03 au 06 Septembre 2025 à Bruxelles, nous avons eu l’opportunité de remettre 9 prix à des jeunes chercheurs francophones qui participent à la recherche en addiction à l’alcool.
Cet évènement était pour nous un moment significatif, qui nous a permis d’encourager et féliciter ces jeunes chercheurs pour leur travaux.
Portraits des lauréats
Agnès Crassous
Qui êtes-vous ? Quel est votre parcours ?
Je suis ingénieure statisticienne de formation, diplômée de l’ENSAI en 2023. Je me suis initialement formée en économie, en trouvant davantage d’attrait aux questions sociales qu’à l’aspect financier. J’ai eu la chance d’avoir plusieurs contacts avec la recherche au cours de mon parcours, en particulier un double cursus et un mémoire à la Aix-Marseille School of Economics (AMSE) dont j’ai obtenu le M2 en économie théorique et empirique. En somme, mon parcours scolaire combine statistiques, programmation et sciences socio-économiques. Dès mon diplôme en poche, j’ai obtenu la bourse de l’École Doctorale Sociétés, Politique, Santé Publique (EDSP2) pour un contrat doctoral de 3 ans. Je travaille donc depuis deux ans sur l’alcoolisation foetale dans la base nationale française des remboursements de soins (Système National des Données de Santé, SNDS).
Qu’est-ce que vous avez présenté à l’ESBRA 2025 ?
J’ai eu la chance de présenter deux par-es de mes travaux à l’ESBRA 2025. La première par-e, qui est honorée par ce prix, étudie les fréquences nationales des diagnostics (CIM-10) de syndrome d’alcoolisation foetale (SAF, Q86.0) et de foetus affecté par l’alcoolisme maternel (P04.3). Le chaînage mère-enfant déterministe dans le SNDS permet de croiser le diagnostic à la naissance aux conditions attribuables à l’usage d’alcool chez la mère (dépendance, intoxication aiguë, sevrage à l’hôpital ou par médicaments). Nous pouvons ainsi obtenir la proportion d’enfants dont la mère a effectivement un historique d’usage d’alcool parmi l’ensemble des enfants diagnostiqués SAF / affecté par l’alcoolisme maternel à la naissance, et corollairement, la part des nouveau-nés diagnostiqués parmi les femmes ayant un usage d’alcool enregistré, qui sont des chiffres inconnus de la littérature aujourd’hui. La deuxième partie des travaux, présentée lors d’une autre session, porte sur les risques d’issues de la grossesse (IMG, mort-né) et de conditions néonatales (prématurité, faible poids pour l’âge gestationnel) chez ces femmes et nouveau-nés.
Qu’est-ce que vous avez pensé du congrès ? Qu’est-ce que vous avez préféré ?
J’ai apprécié la diversité du congrès. Étant assez éloignée des recherches cliniques sur l’alcool, je les ai découvert avec intérêt. L’aspect international et pluridisciplinaire du congrès permet d’échanger avec des personnes aux parcours et perspectives différentes, ce qui en fait sa principale richesse. Mention spéciale à la superbe organisa-on et aux beaux évènements qui sont venus ponctuer ce rendez-vous studieux !
Alix Boirot

Qui êtes-vous ? Quel est votre parcours ?
Je suis anthropologue, docteure de l’EHESS (Paris), où j’ai soutenu une thèse consacrée aux masculinités dans le contexte du tourisme festif. J’ai ensuite poursuivi mes recherches sur les pratiques sociales liées à la consommation d’alcool à travers un premier contrat postdoctoral de 21 mois au sein du SESSTIM à Marseille pour le projet BAR-OH, portant sur le rapport à l’alcool des bartenders et leurs actions en matière de réduction des risques. Je viens récemment d’obtenir un financement INCA/IRESP pour un nouveau projet postdoctoral au SESSTIM (projet ALBA), centré sur la consommation d’alcool après une chirurgie bariatrique.
Qu’est-ce que vous avez présenté à l’ESBRA 2025 ?
A l’ESBRA 2025, j’ai co-organisé un symposium sur la réduction des risques liés à l’alcool (en collaboration avec Marta Lotto), au cours duquel j’ai présenté une partie des résultats du projet BAR-OH portant sur les actions de réduction des risques mises en place par les bartenders (jeudi). Le lendemain, j’ai également présenté en communication orale libre un second volet du projet, consacré à la consommation d’alcool des bartenders en lien avec leur activité professionnelle, leur perception des risques associés et les stratégies mises en œuvre pour gérer leur consommation.
Qu’est-ce que vous avez pensé du congrès ? Qu’est-ce que vous avez préféré ?
J’ai trouvé le congrès enrichissant et stimulant. En tant qu’anthropologue, j’ai particulièrement apprécié la possibilité de dialoguer avec des chercheurs et chercheuses issus d’horizons variés, ce qui ouvre des perspectives nouvelles pour penser ensemble les questions liées à l’alcool. Ce que j’ai préféré, ce sont justement ces rencontres et discussions informelles qui permettent de tisser des liens et d’imaginer de futures collaborations.